Je ne sais pas pourquoi mais ce soir, en pensée, j'ai revu le visage de mon oncle, mort il y a 13 ans maintenant. Je n'ai pas de photos de lui et j'avais cru avoir oublié son visage.
Mais après avoir vu un film qui m'a bouleversé, j'ai revu son visage.
Je l'ai revu la dernière fois où j'étais avec lui.
Je venais de lui présenter mon petit ami, il me demandait si "il" était bien, si j'étais heureuse avec "lui", car si c'était pas le cas, il lui "casserait la gueule" car il m'aimait, et voulait me protéger.
Je ne l'ai pas revu depuis, deux ans ont passé, et finalement "il" n'était n'était pas aussi "bien" que je l'aurai désiré, "il" me coupait du monde, m'éloignait de ma famille et me faisait rompre avec mes amis.
"Il" était tyrannique et même sadique et violent.
Mais j'avais un enfant de "lui", je ne pouvais concevoir de faire de mon enfant un enfant de divorcés, comme moi, comme "lui" d'ailleurs aussi...
Et puis qu'aurais-je fait, moi qui n'était rien, qui ne valait rien, qui n'était qu'un fardeau pour tout ceux qui m'approchaient...
Alors je me taisais, je ne répondais plus à ses attaques, à ses humiliations, je ne chantais pas c'était "lui" le chanteur, je n'écrivais pas, c'était "lui" le poète, je ne dessinais pas, c'était "lui" l'artiste, je ne plaisantais pas, c'était "lui" le comique, je ne donnais pas mon avis, c'était "lui" l'esthète, je ne discutais pas, c'était "lui" l'intellectuelle.
Moi je n'étais même pas bonne à être mère, encore moins à être une femme, et même pas capable d'être une femme d'intérieur.
Je n'étais capable que d'être une "salope qui se ferait sauter dès le premier gars que je croiserai".
Alors je suis devenue une autiste des sentiments, seule ma fille comptait pour moi, je n'entendais plus quand "il" parlait, quand "il" hurlait, quand "il" me provoquait, quand "il" me chevauchait...
Un jour "il" n'est pas rentré à l'heure prévu, et j'ai eu un espoir, un espoir qui m'a fait sourire.
Je me disais "qu'il" avait eu un accident et "qu'il" était mort et cela m'a rendu heureuse !
Mais non, "il" est arrivé, et m'a reproché, de ne pas m'être inquiétée.
Pour "lui" j'aurais dû appeler les secours...
"Il" hurla, ma fille arriva en pleurant, elle se jeta dans mes jambes, je la pris dans mes bras, et là, alors qu'elle ne parlait pratiquement pas, elle "le" regarda en le montrant du doigt et "lui" dit : "Papa pas gueule maman !"
Ces mots furent comme un coup de poignard dans le cœur !
Ma fille souffrait, elle souffrait de me voir souffrir.
Il fallait que j'en finisse avec cette histoire...
Mais je n'avais pas la force de partir d'un coup, alors j'ai arrêté de me taire, j'ai répondu à la provocation le provoquant moi-même me disant que si "il" me tapait j'aurais une raison de partir, car "il" avait cessé de le faire depuis un moment car je l'avais menacé de partir en portant plainte contre lui, mais "il" avait bien compris que ce qui fait le plus mal, ce n'est pas forcément les coups...
Mais un jour comme un autre, un jour où les remarques désobligeantes ont fusées, où les assiettes ont volées, un soir plus précisément, le téléphone sonna, mon oncle était mort.
Cet oncle que je ne voyais plus derrière la forteresse "qu'il" avait érigé autour de nous, cet oncle qui devait me protéger était mort.
J'étais anéantie, triste, désespérée plus que tout.
Et le commentaire "qu'il" fit fut : "Pourquoi tu le pleures, tu n'as pas de sentiments, c'est vous, c'est toi, ta tante (sa femme), vous les femmes qui l'avez tué, vous êtes des vampires."
"Il" disait çà car ma tante, l'avait quitté un an auparavant et qu'il était mort d'une cirrhose. Mais ma tante l'avait quitté justement car il n'arrêtait pas la boisson.
Je suis partie pleurer dans la chambre de ma fille où je dormais, car "Il" voulait que je sois à côté du bébé, afin qu'elle ne "le" réveille pas la nuit.
Puis mielleusement "il" est venu me voir pour faire "la petite affaire".
Je lui ai proposé de prendre sa main droite, ou même sa main gauche et de se masturber !
Furieux "il" est parti dans la salle de bain en disant : "Puisque tu ne veux pas faire ce que je veux, je vais te jeter des choses que tu aimes, et je ferais çà jusqu'à ce que tu cèdes ou que tu te casses !"
Je l'ai entendu touché des trucs dans la salle de bain et sortir dehors puis "il" est rentré dans sa chambre.
J'ai attendu un peu et je suis sortie, en prenant soin de prendre les clés de la porte au cas où "il" veuille m'enfermer dehors.
Il était minuit un 15 octobre, j'étais en nuisette et il faisait un froid de canard...
"Il" avait jeté toute ma collection de bouteilles de parfum à la poubelle, le temps que je les récupère, "il" avait pris mes propres clés dans mon sac et m'avait enfermé dehors, laissant les clés dans la serrure afin que je ne puisse pas ouvrir...
"À te rafraichira les idées" dit-il...
J'allai alors dans la voiture, je la démarrais me disant que le bruit du moteur le ferait venir. Je surveillais son ombre à travers la vitre de la porte, "il" ne vint pas. "Il" ne craignait rien, je n'avais pas le permis, "il" ne me le permettait pas...
Pourtant, ce fut trop, cette vie, ces humiliations, ces culpabilités "qu'il" me renvoyait sans cesse à la face, ce sadisme impérialiste, "il" ne me laissait même pas le loisir d'être en deuil...
Je fis marche arrière, et je partis avec la voiture, je roula au moins 15 km en pleins phares car je ne savais pas comment les mettre en code, j'étais furieuse, haineuse, avec seul réconfort de me dire "qu'il" devait bien regretté à l'heure actuelle de m'avoir appris à conduire !
Je suis arrivée à 1h30 du matin, chez mon oncle et ma tante, ceux qui m'avaient élevé, je les ai levé du lit. Ils n'ont pas compris pourquoi j'étais seule, en nuisette, pieds nus, sans Océane et sans "lui" avec "sa" voiture, je n'ai pas pu leur parler, la haine, la colère, la tristesse m'étouffais, et ces années de silence aussi peut-être.
Je suis partie directe dans ma chambre d'adolescente réfléchir à la manière dont le lendemain j'irais récupéré ma fille.
Et depuis je ne suis plus revenue avec "lui".
Et c'est seulement ce soir, que je réalise.
Ce soir, qui est le jour d'anniversaire de la mort de mon oncle et de mon départ, c'est ce soir que je réalise, que si mon tonton n'était pas mort, je ne serais pas partie.
Il a donc tenu sa promesse... Il m'a protégé de "lui".
Merci Tonton Gérard, et je ne te l'ai jamais dit, jamais montré, mais moi aussi je t'aime.